L’ORDRE MARTINISTE UNIVERSEL : QU’EST-CE QUE C’EST ? - L’Ordre Martiniste Universel est, selon ce qu’affirment les statuts en vigueur « une libre association initiatique d’hommes et de femmes désireux de poursuivre leur perfectionnement intérieur à travers l’étude des relations qu’il y a entre Dieu, l’Homme et la nature. Ils s’engagent à utiliser à des fins de bien, le fruit de leurs connaissances ainsi acquises, les transmettant selon les règles de l’Ordre à qui, s’en montrant apte les désire avec le même but». L’O.M.U. n’est pas une société secrète.
On entre dans l’O.M.U. à travers une cérémonie d’initiation. Sans avoir reçu l’initiation on ne peut pas prendre part aux travaux martinistes. L’Ordre n’impose pas des limites à la recherche et à l’étude, ni fait des distinctions de races, de religions, d’idéaux sociaux, de moyens économiques et de culture. Il est structuré en deux sections : la section exotérique et la section ésotérique.
A la section exotérique correspond le degré d’Associé Inconnu (1er degré).
A
la section ésotérique correspondent les 2 degrés successifs
: Initié Inconnu (2ème degré) et Supérieur Inconnu
(3 ème degré).
Certains
Supérieurs Inconnus, doués de valeur initiatique osirienne indépendamment
du sexe dans lequel ils se sont incarnés, acquièrent à
travers un rite spécifique de consécration le pouvoir de transmettre
l’initiation martiniste et ils prennent le nom de Supérieur Inconnu
Initiateur.
On accède à chaque grade à travers une cérémonie
d’initiation.
Au grade d’Associé, le martiniste (qui porte à la taille un cordon noir en fibre végétale) reçoit un rituel journalier qui le place dans la chaîne avec les autres martinistes. Etant dans la section exotérique de l’ordre, il a la possibilité d’évaluer lui-même si l’Ordre correspond à ses expériences d’évolution spirituelle. L’Associé participe, s’il le veut, à tous les travaux communs selon les rites correspondant à son grade.
Le rythme des travaux de groupe peut-être hebdomadaire, par quinzaine, mensuel ou variable selon les décisions du responsable du groupe qui est normalement le Supérieur Inconnu Initiateur, mais qui peut être le Supérieur Inconnu.
Grâce aux ouvrages de son grade, que l’Ordre lui fournit, l’Associé a la possibilité d’approfondir ses études et de s’orienter pour comprendre, parmi toutes les voies praticables, celle qui lui convient le mieux.
Au grade d’Initié, le martiniste (qui porte un cordon rouge de fibre végétale autour de la taille) entre totalement dans la section ésotérique de l’Ordre et participe, s’il le veut, aux travaux rituels communs correspondants à son grade et aux travaux du grade d’Associé. Outre le rituel quotidien, il entreprend aussi le rituel lunaire relié aux phases de nouvelle lune et pleine lune. L’Ordre met à sa disposition les livres nécessaires à cette pratique.
Au grade
de Supérieur Inconnu (grade sacerdotal), le martiniste (cordon blanc)
rejoint le maximum de ses possibilités opérantes. Outre le rituel
quotidien et le rituel lunaire il entreprend le rituel solaire en relation avec
les deux solstices et les deux équinoxes.
A travers les livres du grade, le Supérieur Inconnu doit approfondir
l’étude et la pratique de la Kabbale. Le Supérieur Inconnu
participe, s’il le veut, aux travaux rituels communs correspondants à
son grade et aux travaux des deux grades inférieurs. Le Supérieur
Inconnu Initiateur est au Supérieur Inconnu comme l’évêque
au prêtre : ils ont tous les deux la puissance sacerdotale mais seulement
le Supérieur Inconnu Initiateur peut initier d’autres martinistes
jusqu’au 3ème degré de l’Ordre. Même les Supérieurs
Inconnus Initiateurs portent un cordon blanc autour de la taille.
A la tête de l’O.M.U., siège le grand Maître choisi parmi les Supérieurs Inconnus Initiateurs ; il est élu à vie par eux.
C’est le martiniste lui-même qui sollicité par sa propre évolution demande le passage d’un grade à l’autre. Personne n’a la possibilité de force la volonté de chacun.
Dès l’entrée dans l’Ordre, depuis le grade d’Associé, le martiniste reçoit un nom initiatique de son choix. Ce nom peut être celui d’un personnage mythologique, biblique ou d’une autre tradition religieuse ; il peut être une vertu à atteindre ou même le nom reçu à la naissance. Le martiniste qui ne veut pas choisir recevra ce nom initiatique de l’Initiateur.
L’Initiateur est le responsable du groupe à vie, mais il peut abdiquer.
Dans l’O.M.U., ce n’est pas le rapport de chaque individu avec le groupe qui est prééminent mais le rapport qui lie chacun à son initiateur.
Les principales conditions requises pour entrer dans l’Ordre sont l’âge (21 ans au moins), une conduite irréprochable et la détermination à poursuivre avec effort la recherche de la vérité.
Selon les statuts en vigueur « la négligence et la mauvaise interprétation des règles de l’Ordre, une fois constatées impliquent comme seule solution la sortie de la chaîne fraternelle». Parmi les règles morales non écrites il y a celle de ne pas révéler à toute personne étrangère à l’Ordre la qualité de martiniste des membres de l’Ordre. Le martiniste peut parler seulement de lui-même, il est libre de le faire, mais avec la nécessaire prudence afin de ne pas s’exposer au risque d’incompréhensions faciles.
L’O.M.U. édite un bulletin qui est adressé à tous ses membres contenant des articles de l’enseignement martiniste et des informations sur les activités de l’Ordre. Tous les martinistes, quel que soit leur grade, peuvent offrir leur contribution à la rédaction du bulletin. Le responsable du choix des publications reste le Grand Maître.
Le coût de l’adhésion est de 30 € par an pour la participation aux frais. Aucune autre dépense n’est exigée sauf éventuellement celle de la gestion commune des locaux loués où les groupes martinistes se réunissent périodiquement.
Du point de vue historique, le Martinisme est né au cours de la moitié du 18ème siècle. Il fut fondé, en temps qu’ordre maçonnique par Martinez de Pasqually qui lui donna une connotation spécifiquement magique et opérante. Louis Claude de saint Martin, dit le « Philosophe Inconnu », disciple de Martinez lui donna à sont tour une connotation religieuse et fidéiste. Ces deux aspects coexistent dans l’Ordre Martiniste Universel et consentent aux affiliés la plus grande possibilité de choix pour leur évolution individuelle. Aucun martiniste quel que soit son grade ne peut être contraint d’accomplir les pratiques ritualisées contre son gré ; de même, aucune abjuration religieuse ou credo politique n'est demandé. Le martiniste doit se sentir un être complètement libre de ses choix bien que soumis aux règles hiérarchiques. L’O.M.U. n’a actuellement aucune relation avec les obédiences maçonniques en Italie et ailleurs mais au nom de ses principes pluralistes, il accepte les francs-maçons dans ses rangs.
Un Plan de Travail Initatique
Les
dix conversations suivantes, introduites par l’immortel « Si tu
peux... » de l’initié Kipling font partie du travail que
j’ai réalisé en une année pour les loges martinistes
« Aloysius » et Re David » de Rome.
Les thèmes traités ont comme seul objectif la spoliation, pierre
d’angle de la voie martiniste et présupposé de l’évolution
initiatique. Je retiens ce travail - en cela j’ai été encouragé
par l’avis désintéressé et par les exhortations de
quelques amis- puisse être utile autant pour ceux qui ont entrepris le
chemin martiniste que pour ceux qui envisagent de le parcourir et pour tous
les esprits réfléchissant sur eux-mêmes
.
Fabrizio Mariani.
"Si" de
kipling
(ou bien tout un programme de travail)
Si tu peux voir
détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pouvant lutter et te défendre,
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter les sots,
et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot,
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis, en frères,
Sans qu’aucun ne d’eux soit tout pour toi,
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur,
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant,
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite,
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête,
Quand tous les autres la perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
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MALKUT
"Tu es le Brahman Suprême, l’Ultime Demeure, le Souverain
Purificateur, la Vérité Absolue et l’éternelle Personne
Divine. Tu es Dieu, l’Etre Primordial, originel et absolu. Tu es le non-né
et la Beauté que tout envahi": ainsi dans la Bhagavad Gita parla Arjune
au Seigneur Krishna quand celui-ci se révéla. Retenons de cette
description ces quelques points : purification, vérité, beauté.
Dans le second chapitre de "Ecce Homo", Louis Claude de Saint Martin affirme: "chaque fois que l’Homme contemplera ses rapports avec Dieu, il retrouvera en lui les éléments indissolubles de son essence originelle et les indices naturels de sa glorieuse destination". Si on établit un lien entre les extraits de ces deux ouvrages, si éloignés dans le temps et dans l’espace, produits dans des ambiances culturelles si différentes on découvre qu’en réalité les principes de base pour se réintégrer, c’est-à-dire pour entreprendre le chemin du Réveil, sont pratiquement identiques : on ne passe pas le seuil de la Porte du Lendemain sans une recherche constante de purification, de vérité, de beauté. Je dis bien recherche plutôt qu’acquisition car l’important est plus de chercher que de trouver.
Pendant qu’il commence son dialogue, strictement personnel et irrépétible, avec Dieu, l’Homme doit progressivement affiner ses instruments dans le but de les rendre plus aptes à la pénétration et propices à réfléchir la lumière provenant d’en Haut. Il est futile d’attendre d’être arrivé à la perfection avant de parler avec Dieu. Il sait déjà ce dont nous nécessitons et, si nous parlons c’est pour consentir à nous-mêmes d’éclaircir nos idées et approfondir notre approche du Réel.
Mais comment peut-on affiner ses instruments ? Il n’y a que la voie de l’amour réciproque, de la tolérance et de la charité.
A ce point, une autre citation illuminera le chemin de notre recherche qui se poursuit, il faut bien le rappeler, dans un domaine initiatique grâce à un chrême initiatique. Au chapitre 16 de "Imitation de Christ", Thomas de Kempis écrivit sous le titre "Compréhension Fraternelle": "Dieu a voulu qu’il en soit ainsi pour que nous apprenions à porter chacun le poids des autres. Personne n’est sans défaut, personne n’est sans charge, personne n’est suffisant à soi-même, personne n’est suffisamment savant ; mais il faut que nous nous rassemblions, que nous nous consolions car ainsi nous nous aidons, nous nous instruisons et nous nous corrigeons. C’est à l’occasion de quelque contrariété qu’on voit bien la virtuosité d’un homme. En effet, ce ne sont pas les occasions qui font l’Homme fragile mais elles montrent simplement ce qu’il est". Dans ces paroles est contenue la clé -une des clés- afin de vivre harmonieusement notre "Ecce quam bonum": personne n'est sans défaut et aucun d’entre nous ne doit montrer intolérance ou ennui vis à vis des frères et des soeurs dans l’erreur. Il est nécessaire d’écouter le cœur : la relation qui s’instaure dans une ambiance fraternelle doit être dépourvue de toute réserve mentale, c’est-à-dire elle doit être limpide et claire.Tolérance ne signifie donc pas une excessive indulgence mais l’effort de comprendre les raisons de l’autre et l’engagement de l’aider à se corriger seulement après qu’il aura reconnu l’erreur que nous lui attribuons. C’est le seul système valable pour se rapprocher les uns des autres, pour êtres contigus et solidaires, pour transcender petit à petit les limites dans lesquelles notre individualité nous enferme. Au fur et à mesure qu’évolue ce processus de rapprochement vers les autres, se réalise notre approche individuelle vers le but de notre union avec l’Absolu, vers cette dernière destination -si près et si lointaine- qui contemple la sortie du cycle des réincarnations pour entrer sur une onde de vie plus vaste. Il est nécessaire d’avoir progressivement raison des éléments qui sont en nous et qui de chacun de nous font l’unité : se débarrasser de la Terre, puis de l’Eau, puis de l’Air et enfin du Feu qui sont en nous afin d’être restitués intègres à la matrice première dont nous sommes partis.
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YESOD
Une fable antique.
Trois hommes cassent des pierres dans un lieu où s’érigera une cathédrale. un passant, cheminant par-là, demande au premier des hommes: "Que fais-tu ?" "Tu ne le vois pas ? répondit-il. Je casse des pierres". Puis, il demande au second: "Et toi ?" Répondit-il: "me procure de quoi vivre pour ma famille et moi-même". Enfin au troisième. "Et toi que fais-tu ?" - "Moi, je construis une cathédrale".
Ici, on peut recueillir trois des nombreux niveaux de perception de sa propre réalité intérieure, du plus bas -relatif à un niveau circonscrit à l’individu, (je dirai au physique), au niveau intermédiaire où le discours individuel va plus loin que l’individu jusqu’aux affections les plus proches, jusqu’au dernier niveau -celui de l’homme qui a compris le but de son oeuvre qui case les pierres, qui travaille pour lui et sa famille mais qui conserve, devant le regard de l’esprit, le but le plus haut et le plus reculé pour lequel il oeuvre. D’une autre manière c’est un voyage du "personnel" à "l’impersonnel".
Voyage extrêmement difficile. Les obstacles, représentés par le physique apparaissent insurmontables. Pensez : notre physique, le corps, est tellement dense, tellement épais qu’il réussit dans la plupart des cas et pour toute la durée de l’incarnation à faire oublier à l’esprit prisonnier quelle est sa vraie nature, quel est le monde d’où il vient, quel est celui où il va. Les prisonniers de Michel Ange, fondus dans la matière informe qui les resserre et les enferme de tous côtés, ne peuvent donner qu’une pâle idée de la prison que le physique mortel représente pour l’esprit immortel. La libération apparaît impossible, même si on peut en percevoir les signaux quand le corps dort et que les canaux subtils de l’esprit s’élèvent vers la région illimitée des rêves, témoignage, même à travers différentes natures, d’une réalité à laquelle on accède et qui n’est pas la réalité ordinaire de tous les jours.
Ceci dit, je ne veux pas faire du corps une sorte de matrice de tous les maux possibles. Je crois dans le corps car nous en avons un et je crois en la possibilité qu’il peut offrir à l’esprit de se développer harmonieusement et graduellement. Toutefois, il faut rétablir un rapport harmonieux avec son corps.
Le discours est vieux comme le monde : les alchimistes soutiennent qu’il faut spiritualiser le corps et donner corporéité à l’esprit. Une lecture superficielle de et axiome hermétique nous conduit déjà à une conclusion de grande importance : il est nécessaire d’agir de façon à ce que le corps et l’esprit cohabitent harmonieusement dans une lumière de conscience, inspirés dans leur action par des valeurs communes, c’est-à-dire qui soient pertinentes à l’une et à l’autre et par ailleurs recevables. Obtenir le meilleur résultat avec le minimum d’effort est une de ces valeurs ; rechercher ce qui globalement fait du bien et éviter tout ce qui globalement fait mal : c’est une autre de ces valeurs et ainsi de suite sans compromis. Par exemple : si quelque chose plaît au corps mais laisse l’esprit inquiet ce n’est pas bien et cela ne sert à rien ; de même pour une chose qui plait à l’esprit mais dérange le corps. La sérénité est un splendide papier de tournesol pour démontrer l’équilibre par fait atteint entre corps et esprit.
Pour essayer d’atteindre cet objectif il y a une méthode qui peut être expérimentée. Nous avons dit que pendant le sommeil les canaux du corps ont tendance à être moins resserrés. Ainsi avant de s’endormir, détendu sur le lit on détend les muscles et on cherche à atteindre un état de tranquillité intérieure. A ce moment là, invoquer fortement l’Ange et réaliser qu’on est en train de s’endormir, c’est-à-dire dans une hase de "veille" de l’esprit lequel aura finalement l’occasion de sortir de ses canaux. En même temps nous réalisons que l’Ange veille, très lumineux, debout près de notre lit. Entrons ainsi pour le moment dans le sommeil. Le lendemain, à peine debout, cherchons de nous souvenir des rêves faits, de se rappeler toutes les sensations qu’ils nous ont provoquées, de les interpréter. Celles qui paraîtront les plus significatives on les notera sur un cahier (journal personnel). Tout de suite après prenons conscience de la perception que, la nuit passée, nous sommes entrain de rentrer dans les ténèbres de l’extérieur que les portes de notre prison corporelle sont entrain de se refermer sur nous. Cherchons de vivre toute la journée avec cette conscience et en même temps essayons diverses tentatives pour sortir de l’obscurité diurne, de se libérer, de laissez parler l’esprit, de ne pas s’identifier avec son propre corps ou du moins de ne pas s’identifier avec son propre corps ou du moins de ne pas s’identifier totalement avec lui.
8
HOD
Nous sommes immortels. Notre vie s’écoule de manière ininterrompue vers des horizons toujours plus vastes, vers une capacité de perception toujours plus subtile, vers une expansion de la conscience de moins en moins étroite. Au moment de l’individuation nous avons entamé un processus qui n’aura pas de fin, qui part d’un dessein dont nous ne réussissons pas à imaginer le plus petit détail. Nous avons obtenu la perception des mondes qui s’interpénètrent l’un dans l’autre, le monde physique, émotif, mental, spirituel et d’autres dont, à notre niveau actuel d’évolution, leur connaissance ne nous est pas accessible ; dans ces mondes, nous nous y déplaçons consciemment (quand nous décidons ‘être pleinement conscient) avec le corps physique dans le monde physique, avec les émotions dans le monde divin ou l’astral, avec la pensée dans le mental et avec l’esprit dans le monde spirituel. Nous vivons en même temps sur tous ces niveaux et c’est ce "vivre avec" qui dans la plupart des hommes se transforme en drame : très peu, même parmi ceux qui se disent initiés, ont appris la suprême loi de l’harmonie, de cet amour qui doit s’allumer aussi à l’intérieur de nous même et qui est destiné à déplacer le soleil et les autres étoiles. S’il n’y a pas d’harmonie, la condition humaine est farcie de contradictions et serpente à travers la peur, l’anxiété, l’angoisse, toutes filles de la hâte de vivre.
Est pressé de vivre celui qui croit avoir seulement une vie à vivre et par conséquent il craint de ne pas réussir à réaliser tous les projets qu’il a formulés. En nous doit se développer la prise de conscience, soutenue par l’expérience, que cette hâte est pure folie, que le temps à notre disposition est illimité, que de vie en vie nous contribuons à la construction de quelque chose qui nous transcende et nous appartient un temps. Chaque fois que nous nous incarnons nous reprenons le fil qui a continué à se dénouer même au-delà de la frontière qui sépare la vie de la mort ; un fil qui continue à s’enchevêtrer avec les personnes que nous aimons et qui nous sont chères, de même que celles que nous n’avons pas su aimer et avec lesquelles il existe une dette karmique à résoudre. Notre vie est une occasion continuelle de régénération.
Les obstacles ne manquent pas. Le principal est comme je l’ai déjà dit la hâte. Un autre obstacle est l’illusion. Alors que la physique subatomique commence à tracer un monde où tout est "un" et en préfigure des postulats, la plupart d’entre nous continue à alimenter l’illusion de la séparation. Non seulement par rapport aux autres, ce qui est compréhensible, mais aussi par rapport à soi même, si bien que, malgré ce que nous répétons sans cesse à l’interne de nos écoles initiatiques, la plupart d’entre nous oublie fréquemment d’être un esprit qui anime un corps –différents corps- dont il se revêt, en use tant qu’il en a besoin ; ainsi, il s’identifie avec son corps physique et fait une seule chose de sa décadence inévitable avec la chute de son "soi" plus profond. Cet état de conscience, non seulement est une illusion dont on guérit mais c’est aussi un danger sur l’esprit, en effet, ne peuvent pas se refléter les impressions profondes subies par les soi-disant corps inférieurs. L’habitude enracinée de penser d’une certaine façon, les idées cristallisées et immuables, préjudices etc.… sont de blocages internes qui s’ils sont entretenus constamment ils impriment leur matrice sur l’esprit, lequel une fois désincarné rencontrera des résistances plus importantes au cours de sa marche, par ailleurs impossible à interrompre, vers la libéralisation. Ceci est non autre chose que "l’enfer" qui pourra nous toucher après la mort si nous n’avons pas appris, pendant la vie à être agiles, légers, disponibles, prêts à revoir tout et à le soumettre, toujours à nouveau à l’examen de la raison et de l’expérience ; c’est dans ce sens que doit être entendue cette phrase contenue dans le livre "Illusions" de Bach : "le péché capital consiste à limiter l’Etre : ne le commet pas".
Nous devons donc tout faire pour éviter, avec l’enfer, de ralentir notre évolution d’autant plus qu’il ne semble pas que soit exigé des choses qui ne soient pas à notre portée. La vie doit être comprise comme danse, comme chant, avec légèreté quel que soit ce qui peut nous arriver de grave, de laid car en réalité rien de tout ce qui nous touche, rien de tout ce qui nous effleure ne nous appartient guère. Une approche joueuse de l’existence, une disponibilité infinie au changement, une capacité de courir constamment en dehors des murs de notre prison pour rechercher quelque chose sont les meilleurs passeports pour ce qui nous attend au- delà de l’horizon.
7
NETZAH
"Immortel, autogéniste, omniscient, sans désir, sans défaut et rempli de vie" : ainsi est défini l’Atman dans l’Atharvaveda, c’est-à-dire le soi transcendental qui habite en nous. On dit aussi que "qui connaît Lui, l’Atman savant, n’a plus peur de la mort et ne vieillit pas". Des phrases comme celles-ci font partie du patrimoine de quiconque pratique les études ésotériques et les concepts sont tellement répétitifs que parfois ils se vident de leur signification originaire et profonde. (Et parce qu’à force de lire, notre attention et notre tension diminuent).
En somme, c’est le "Connais toi- toi-même" du temple de Delphes, une phrase qui nous est répétée sans cesse soit par nos instructeurs, soit par nous même et qui pour cela semble être vidée de sens. Toutefois la conversion, comprise comme renversement est indispensable pour qui suit la voie initiatique. C’est indispensable que ce renversement soit réel plutôt qu’une conviction fallacieuse.
Voyons donc comment est-il possible d’essayer de connaître soi-même. On part des prémices évidentes et irréfutables : chacun de nous est incarné dans une forme spécifique et distincte des autres. Ce discours est valable tant pour le corps visible que pour les corps invisibles : remarquons, en effet, que comme nos corps sont différenciés les uns des autres de la même manière sont différenciées nos mentalités, notre façon de se mettre en relation avec le monde des sentiments, des désirs et ainsi de suite. A ce stade, plutôt que de s’efforcer a priori de comprendre "qui sommes-nous"? Cherchons d’abord de définir qui, en cette incarnation actuelle, "nous ne sommes pas", tant sur le plan physique que sur d’autres plans.
Un individu qui commence ce type d’étude, se rend compte qu’autant d’effort qu’il fasse, il ne pourra jamais devenir un sprinter de Olympiades car ses muscles et sa constitution physique ne le lui permettent pas, ni un pilote d’avion car sa vue et son ouïe ne sont pas excellentes, ni un chirurgien car ses mains sont souvent prises de tremblements, ni un gardien de chenil car il souffre d’allergie aux poils de chien, et ainsi de suite. Cette grossière observation peut être étendue à la sphère émotive et sentimentale et à la sphère mentale. La phrase "c’est plus fort que moi" bien des fois, cache la paresse pour affronter une réalité désagréable, mais parfois elle reflète la réalité de quelqu’un d’objectif qui a pris conscience de ses limites humaines. Limites, qui naturellement, peuvent être repoussées un peu plus loin mais qui ne font pas abstraction d’une structure de base, qui est celle que nous portons dans ce monde (lien karmique pour ceux qui y croient) au moment où nous immergeons dans l’existence.
Quiconque a fait une analyse de ce genre à propos des limites de ses corps (visibles et invisibles) a déjà circonscrit considérablement la sphère de son enquête. Il sait d’être venu au monde pour réaliser un objectif en se servant exclusivement des instruments spécifiques qui sont ses propres instruments. Par conséquent, les instructions pour l’utilisation de ces corps (qui, je le répète ont leur limite), il ne peut que se les donner à lui-même : cette expérience est déjà une ligne d’arrivée importante.
Ainsi à ce stade, ayant découvert quel type d’individu il m’est impossible d’être, la recherche se limite à ce que je peux donner partant des éléments dont je dispose. En ce qui concerne cette phase de travail il est nécessaire que le « moi » prenne conscience, outre ses propres limites, de ses possibilités de réalisation. Afin que cela se produise, il est nécessaire que l’harmonie s’instaure à l’intérieur du champ de conscience, c’est à dire que les contradictions qui nous animent au lieu de s’assembler au bout d’un conflit exaspéré, apprennent à cohabiter de la même manière qu’au sein d’une famille où vivent harmonieusement des personnes de caractère, d’âge et de sexe différents ayant aussi des origines spirituelles et des objectifs différents. L’harmonie à l’intérieur de soi naît du principe d’acceptation.
Qu’est-ce-que
cela veut dire ? Cela signifie être conscient de faire partie d’un
important mécanisme évolutif dont nous ne savons rien mais dans
lequel nous agissons pour notre transformation et celle d’autrui. Cela
signifie avoir compris de disposer, au niveau individuel ‘un bagage d’idées,
de pulsions, de tendances que nous avons préparé pour affronter
cette incarnation actuelle de la meilleure façon dans le but de notre
développement. Cela signifie se rendre compte qu’en principe c’est
notre immortalité et que tout ce qui nous arrive – quant à
cette immortalité nous nous référons – est accidentel,
fusse la plus belle ou la plus terrible des expériences (de toute façon,
c’est une expérience). Cela signifie vivre intensément l’instant
présent avec la conscience d’une vie vécue comme une aventure
continuelle d’un horizon à l’autre. Cela veut dire marcher
à tout prix, même si nous nous sentons épuisé car
ce n’est pas nous qui marchons mais le Dieu qui est en nous demeure et
qui le veut ainsi.
Cela signifie reconnaître dans le fini, dans les limites et dans les défauts
d’autrui, ses propres limites, ses propres défauts et par conséquent
sentir les autres réellement des frères, petits, aveugles, parfois
comme nous désespérés, mais divins, biens qu’encore
inconscients, au fin fond de leur substance d’être humain.
L’oubli de soi –s’oublier vraiment soi même- en vivant
dan la joie c’est la meilleure façon de consentir à ce dieu
caché de resplendir et de s’affirmer dans l’aveuglante réalité
du "JE-SUIS" : objectif à atteindre sans le rechercher.
6
TIPHARET
Il y a le long
du chemin initiatique, un piège subtil qui peut se transformer en mal
incurable.
Puisque nous parlons tant de prise de conscience et de réveil de ces
facultés spirituelles qui peuvent nous permettre une approche avec notre
"soi transpersonnel" -c’est-à-dire la scintille divine
dont la Tradition prétend qu’elle est en chacun de nous- il est
toujours menaçant le danger d’alimenter, même à un
autre niveau de conscience (quand nous y arrivons et si nous y arrivons) des
tendances égoïstes qui à cause de leur propre nature nous
poussent toujours plus loin du but que nous voulons atteindre. Ces tendances,
en soi ne sont pas négatives car elles sont à la base de l’instinct
de survivance, mais l’utilisation que nous pouvons en faire peut être
erronée .
Le renoncement au "moi partial" , en fait, comporte réellement l’oubli de soi, au moins quand on travaille à certains niveaux: il n’est pas permis à ce niveau là de se donner comme objectif la réalisation d’une vertu quelconque ou la réintégration ou le service; j’irai plus loin : il n’est pas licite de se donner quelque objectif. N’importe quel objectif, en fait, qu’on se fixe consciemment naît de l’élaboration d’un processus mental qui, évidemment, tient compte d’aspirations intérieures précises ; mais à ces niveaux là, quand on fait fonctionner la pensée (le mental) on perd encore une fois le contact avec la Réalité Une. Afin que l’homme puisse aspirer à la liberté, le mental doit cesser de fonctionner : ceci est un des principaux enseignements secrets de toutes les traditions religieuses et de tous les systèmes de philosophie ésotérique. C’est à travers cet axiome hermétique que nous nous rendons compte du pourquoi le "scandale" soit soulevé chaque fois que quelque très haute incarnation est passée sur cette terre pour nous indiquer la Voie. C’est le scandale de jésus, de Krishna, de Bouddha, de François d’Assises, de maître Eckart et de tant d’autres, connus et inconnus qui à travers leur action ont accéléré le processus de l’évolution humaine.
Nous sommes là à nous parler et à échanger des instructions des expériences et des suggestions à travers une structure qui tient compte aussi de la hiérarchie. Mais si de tout cela nous avons besoin, si tout ceci de quelque manière nous résonne à l’intérieur et nous gratifie c’est parce que nous n’avons pas encore appris à rester seul avec nous même, c’est-à-dire à cohabiter avec le vide mental qui est la condition nécessaire pour l’Action Pure. Il faut bien se comprendre : le vide mental n’est pas absence de pensées –dire ceci est stupide-. Vide mental signifie abolir un mécanisme pour laisse qu’en nous fasse irruption une autre chose qui allume de manière fulminante le processus d’individuation. Le soi disant mental familier, discursif est en fait l’obstacle majeur à l’individuation.
A ce stade,
il est clair que tous les jeux et toutes les techniques à travers lesquels
nous cherchons de rompre quelque chose en nous vont bien : les tarots, l’astrologie,
l’histoire de la philosophie, la foi, les opérations magiques.
Tout cela va bien, je le répète mais à condition que rien
de ceci soit culturel, voilé ou non d’une subtile complaisance.
En réalité l’étude de l’astrologie ne sert
pas pour enquêter ou pour cerner des défauts personnels à
corriger : ces discours sont des discours apparents. L’étude de
l’astrologie, au contraire, à travers quelques-uns de ses axiomes
apparemment indémontrables doit servir à provoquer un choc intérieur
; elle doit mettre en crise notre capacité de raisonnement, même
la plus hardie et désinhibée ; elle doit faire apparaître
et disparaître en nous les lumières d’un monde étranger
et inexploré, nous faire ressentir l’existence des rives d’une
autre mer qui avec cette dimension –dans laquelle habituellement nous
nous déplaçons et croyons être- n’ont aucune relation
sinon cette capacité de perception qui peut s’éveiller en
nous. Là où ce monde étranger, ces rives sont en réalité
notre destination et notre origine, toutes deux perdues de vue, oubliées
du moment où nous nous sommes "corporisés". Ce monde
que nous croyons étranger, ces rives que nous croyons ailleurs se manifestent
en nous à travers certains rêves et surtout à travers certaines
impressions –que nous ne pouvons confondre avec d’autres de la vie
soit-disant éveillée- que ces rêves ont suscité.
Certains rêves particuliers nous ouvrent les portes de l’Au-delà
» -qui est peut-être notre demeure- et nous enrichissent d’émotions
et de sensations totalement différentes de celles que nous éprouvons
éveillés. Ceci est la preuve de notre être profondément
différent de ce que nous croyons. Voilà : notre vie ordinaire
de chaque jour, notre façon d’être présent toujours
et partout, notre façon de mesurer et d’évaluer sont faites
pour le Monde de l’Action. Mais le Règne des Cieux –qui par
ailleurs commence par là- ne peut pas ne pas être chose
.
5
GEBURHA
Nous sommes incarnés. D’un point de vue occulte cela signifie que notre esprit demeurant dans sa Région céleste décida de revenir faire l’expérience dans le monde de la Manifestation. Il descendit. Et en fonction des lois du Karma il choisit, pour s’incorporer les conditions les plus adéquates tant du point de vue psychologique qu’environnemental pour son évolution.
En fonction de ces principes –qui sont, bien sûr, des hypothèses de travail mais que chacun peut étudier et approfondir de manière à les transformer en expérience directe à partir de son propre vécu- chacun de nous, quelles que soient les circonstances dans lesquelles il se trouve, vit au mieux de ses possibilités spirituelles, qu’il soit né roi, qu’il soit né dans un taudis, qu’il soit riche et beau ou au contraire pauvre et difforme. L’expérience que je vis est mon expérience unique et spécifique dont je peux tirer profit mieux que quiconque car c’est la mienne. Celle que nous sommes actuellement en train de faire c’est l’expérience de la forme car être incarné signifie avoir une forme, être une forme.
La forme est rigide. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que la forme que nous avons nous conditionne et nous conduit dans nos actions, c’est-à-dire dans le karma que nous produisons et que nous brûlons pendant que nous sommes dans l’incarnation. L’aspect physique, le caractère, la mentalité, la sensibilité, les mécanismes émotifs varient d’être à être considérablement ; ce sont eux la matière sur laquelle travailler et les instruments à travers lesquels œuvrer. Le travail consiste dans la transformation de soi mais paradoxalement avant d’amorcer tout type de processus de transformation il faut s’accepter comme l’on est. S’accepter, en fait, signifie se fixer à l’esprit d’avoir fait le choix le plus judicieux dans le processus de réincarnation et signifie aussi reconnaître que dans ce choix l’esprit n’a pas fait autre chose que s’adapter à une nécessité déterminée par les lois du karma, c’est à dire par l’accumulation de situations mises en œuvre à des époques précédentes par d’autres « moi historiques « Quand le vent souffle, fais-toi roseau » dit un adage populaire. Dans le tourbillon où nous vivons quotidiennement c’est, cette adaptation à la forme impérieuse, l’unique attitude compatible avec la sagesse. S’accepter c’est aussi cela.
Mais la forme, je le répète est rigide. A travers elle, nous pouvons lire, comme un livre ouvert, notre condition spirituelle et avec un peu d’entraînement même celle des autres. La perception du niveau de chacun est lisible à travers une myriade de signes sans équivoque, que la psychologie a individualisé, mais surtout à travers les yeux qui ne mentent jamais.
Pour amorcer ce processus cognitif en ce qui concerne soi même, le travail est un peu plus difficile. Comment puis-je faire en fait pour me connaître tant que je m’observe de l’intérieur? Que connaît-il du soleil celui qui a toujours vécu dans une caverne? Bien, en ce sens, nous sommes tous, plus ou moins, celui de la caverne. Comment puis-je m’observer de l’extérieur? Comment puis-je sortir à l’air libre?
La chose n’est pas possible à cent pour cent : et il me vient à l’esprit, à ce propos, l’adhésion unanime de Jésus à son physique quand, pendant de longs moments il fut pris de désespoir avant le Jardin de Gethsémani puis sur la croix. (C’est peut-être le maximum parmi tant d’enseignement que Jésus nous a laissé). Mais, toutefois, on peut faire beaucoup dans cette direction.
Ainsi, encore une fois, nous revenons au discours de la dépersonnalisation. L’approche ne peut et ne doit pas être violente : le processus advient à travers de petits signes constants et surtout pas tant à travers des médiations plus ou moins intenses relatives à la propre ambiance spirituelle, quant à travers notre activité quotidienne. En effet, nous sommes réellement des êtres qui vivent leur vie de tous les jours. Alors, il est nécessaire de s’interroger de l’extérieur sur des vétilles quotidiennes : l’adhésion à une idée politique, par exemple, les opinions sur la société, sur le comportement des jeunes, sur la famille, sur le travail, sur l’avenir individuel ou collectif. Qu’est ce que de tout ceci nous appartient, nous est propre –c’est-à-dire souffert et variable- et qu’est-ce qui est une induction qui, lancée par les autres, a eut une emprise facile sur notre comportement ? Travaillant constamment dans cette direction on arrive assez rapidement à percevoir quelque chose de nouveau et de différent de la banalité quotidienne : c’est l’impression d’une légèreté qui s’épanouit en nous et palpite dans l’attente de quelque chose. C’est le prélude au Réveil, le signal qui exprime l’éclairage d’une conscience moins étroite tendue vers des horizons plus lumineux ou qui oublie totalement l’existence de n’importe quel horizon. C’est dans cette légèreté, dans cette fluidité, dans cette spontanéité réelle que, qui le veut, peut pénétrer dans l’état de « Mag », minimum requis pour œuvrer sur des plans subtils. Mais pas auparavant. Tout ceci pour être accepté doit être expérimenté personnellement. Ce discours, en effet, n’est lui aussi qu’une hypothèse de travail.
4
CHESED
Un ordre initiatique comme le nôtre a dans la liturgie (comme "Ouvre sur la Pierre", selon l’acception étymologique) un des points de force de son opérativité affirmée. L’autre point évidemment est représenté par la capacité, libérée individuellement par chaque membre, d’étendre le champ de sa propre conscience ; sans cette expansion, soit dit en passant, l’œuvre sur la pierre ne se réalise pas et le rite se transforme en une vaine cérémonie.
Ceci dit, il est licite –mais c’est un devoir de le dire- de s’interroger si les choses sont réellement ainsi dans le but sacro-saint de ne jamais se reposer sur les lauriers des connaissances désormais acquises (vraies ou présumées telle).
En effet, le rite s’articule à travers une série de gestes et de paroles, fixés, par la Tradition à travers laquelle ils ont été transmis : paroles et gestes qui ne doivent pas être changés sous peine d’invalidité du rite ou pire. C’est dans cette continuité, dans la répétition qu’est le point de départ du fait liturgique. L’initié, ensuite, grâce à l’expansion de sa conscience, réussit parfois à entrer en contact avec "quelque chose" qui dans la plupart des cas (quand il ne s’agit pas d’une pure illusion) est le fait d’atteindre un autre plan de conscience plus élevé.
A ce stade on peut s’interroger si cette réalisation advient grâce au rite (pratiquement justement avec conscience) ou si la conscience suffit toute seule à provoquer ce saut de niveau. C’est une question hautement stimulante car elle se pose dans une optique critique (certes de manière constructive, comme doit toujours être la critique) vis à vis du mécanisme même de l’initiation. En fait, la question est la suivante : si quelqu’un que je nomme profane réussit à travers des techniques particulières à amplifier son champ de conscience et à atteindre un nouvel état d’être, quel est alors le sens de la distinction entre le monde profane et le monde initiatique? C’est bien vrai que l’initiation peut me servir pour obtenir un état que les autres peuvent atteindre pour ainsi dire grâce à leurs seules forces mais alors pourquoi la distinction?
Mais encore : c’est tellement difficile de supposer que certains rites –je ne dis pas tous- constituent la répétition mécanique de paroles et de gestes qui, s’ils ont une signification dans certains domaines, ils ne l’ont plus dans le nôtre? Avec la télécommande j’allume la télévision à distance : cette connaissance transmise depuis 2000 ans peut ne pas avoir de sens pour l’être qui, confiant dans le rite, voudrait provoquer l’allumage d’une télé par un simulacre de télécommande volontiers dépourvu même de l’indispensable pile et (si on y fait attention), cet être accomplira tous les gestes corrects comme la tradition des anciens le lui aura enseigné mais le rite ne provoquera aucun effet. Certains de ces individus prendront conscience de la vanité de la chose mais d’autres –et peut-être les plus nombreux- alimenteront en eux la certitude d’avoir œuvré dans le sacré. De toute façon, tous auront tiré un avantage c’est-à-dire celui d’être persuadé, de manière non erronée, d’être, à la fin, des opérateurs dans une dimension "diverse ".
Seulement ceci compte: être différents, mais non par rapport aux autres, mais plutôt par rapport à soi. C’est facile d’être différent par rapport aux autres: il suffit de se revêtir d’un habit un peu excentrique, de se parer d’un objet insolite et le jeu est fait. Au contraire, il est très difficile d’opérer cette diversité à l’intérieur de soi-même, retournant ces sédiments que les années et l’attitude constante la paresse ont laissé se stratifier. Qui pratique une diète alimentaire sait combien il est difficile de perdre, voir de manière épisodique, quelques kilos. Le "gras spirituel", si l‘on peut parler ainsi est aussi difficile à éliminer surtout parce qu’il a tendance à se transformer pour les mêmes raisons que les kilos en trop qui se reprennent et qui peuvent tous être considérés comme les fils de la "Déesse Inattention".
L’homme
qui, avec toutes les forces de son âme, tend vers la conscience constante
s’immerge –indépendamment des moyens utilisés- dans
le monde de la permanence, dans cet éternel présent qui transcende
le temps. Notre relation avec l’univers (dont nous faisons partie) doit
se dérouler sous le signe de la continuité ; regarde la mer et
sens "ta" mer gronder en toi, ; regarde une fontaine et sens "ta"
fontaine ruisseler en toi, ; regarde le ciel parsemé d’étoiles
et sens ce silence infini s’animer en toi. En toi, en effet, il y a tout
et tu pourras t’en rendre rapidement compte si tu auras fait en sorte
que ce vécu ne soit pas un élégant exercice de méditation,
mais plutôt un état permanent de ton être.
Si tu n’y es pas arrivé, rassemble toutes tes énergies vers
la réalisation de ce but : c’est la base de tout processus de transmutation,
le point de départ pour transformer une créature qui aime, mange,
boit, souffre et meurt en un autre être qui tout en continuant à
aimer, manger, boire, souffrir, a compris qu’il ne mourra plus. Qui a
réalisé en lui cette condition a, à son tour, le devoir
d’utiliser toutes ces énergies (qui deviennent illimitées)
afin que les autres le suivent, toujours plus nombreux, le long du chemin du
réveil. "Grandissez et multipliez-vous" peut vouloir dire cela.
3
BINAH
Quand on voit un port, une autoroute, un appareil photo, en somme n’importe quel objet dans les mains d’un être humain (ou fabriqué par l’homme ou un robot) seulement très brièvement on s'arrête pour penser que ponts, autoroutes, appareils photos, avant d’être construits ont été objets de détail, projets minutieux et précis dessinés sur du papier et avant même le dessin, ils ont été une idée qui a jaillit de la pensée humaine. Arrêtons-nous un instant sur cette pensée : sans l’idée en amont de l’objet, l’objet ne peut se manifester dans le monde du devenir. Chaque chose –comme l’affirme Platon- est avant tout une idée: c’est à notre liberté d’agir de la traduire dans une réalisation tangible.
Maintenant, il semble évident qu’à peu de personnes convient totalement le monde dans lequel nous vivons : dans l’optique de chacun, le monde pour être joyeusement vivable devrait être transformé d’une certaine manière. Sur le "comment", les idées sont divergentes, mais il semble escompté que la plupart des hommes désirent ardemment vivre dans un monde où soient bannies les maladies, la misère, la pollution, la violence, la peur etc.… Une espèce de paradis sur terre en définitive, un monde dont on dit qu’il était avant cet événement très lointain que généralement on appelle la "chute".
Le monde dans lequel aujourd’hui nous vivons c’est celui que nous même, en tant qu’espèce, à travers nos ancêtres, nous nous sommes donnés. C’est un monde dont nous faisons tout pour le maintenir en vie comme il est, persuadé pour la plupart que toute forme de changement est soit impossible, soit terriblement fatigante. Aucun d’entre nous semble disposé à renoncer aux privilèges et au confort que le progrès nous a donné et il nous semble assez facile d’oublier que le progrès peut se nourrir aussi de ces maux que nous voudrions voir disparaître. Les exemples, même bouleversants sont sous les yeux de tous.
Mais sommes-nous vraiment condamnés à l’impuissance? En réalité, il semble que la principale forme d’impuissance se nourrit du désespoir de pouvoir faire quelque chose, au niveau individuel, pour transformer le monde. S’il est vrai que les idées de la plupart des personnes sont orientées vers un monde meilleur, alors pour que ce monde meilleur se réalise, il suffirait de concevoir ce projet détaillé, minutieux et précis et aussitôt passer à l’action. Utopie? peut-être. Mais à l’origine de tout mouvement de transformation réelle de la condition humaine il y a toujours eu une impulsion d’utopie. Il faut former, au niveau individuel, des idées claires et agir d’en conséquence. Peu d’idées claires bien sûr et limitées à son propre environnement sans perdre de vue l’objectif que l’on s’est donné. Par exemple, il y a un cas où huit martinistes et un enfant ont participé ensemble à une manifestation nationale contre les dangers de la légèreté dans la gestion et l’utilisation de l’énergie nucléaire. Certainement, aucun d’entre eux n’était d’accord pour revenir au temps des bougies ou disposés à renoncer à tous les bénéfices du progrès et ils n’étaient pas non plus unis pour des raisons d’idéologie politique. Mais ils ont participé car ils sentaient obscurément que certains principes, dans la conscience collective, doivent inspirer et que des exigences particulières plus proches de l’être humain dans son entière splendeur doivent commencer à rendre le dessus, qu’il est nécessaire d’augmenter les capacités de réflexion de l’humanité tout entière afin de ne pas perdre de vue les buts opéra tifs de l’humanité même, qui sont ceux d’une évolution harmonieuse des âmes et des corps. Si pour obtenir que cette idée s’affirme il est nécessaire de se mélanger à un compost humain qui contient des excités (peut-être ignoblement manœuvrés) qui semblent vouloir tout et tout de suite, le choix ne laisse aucune alternative. Comme chaque structure sociale se transforme de l’intérieur, même le monde peut être transformé en participant, à l’intérieur, à ses inquiétudes mais sans jamais perdre de vue le but fixé. C’est un choix d’humilité et comme tel il est utile.
Mais ce n’est pas tout. Par le rituel journalier de chaîne chaque martiniste dès le grade d’associé a la possibilité d’œuvrer sur le monde –en particulier sur l’aura terrestre- appelant des forces préposées à sa sauvegarde et à la décontamination de toutes les impuretés astrales que sur cet aura nous déchargeons à chaque seconde. Seule est apparente la rupture entre impureté du monde physique et impureté du monde astral, dont en réalité, l’une est réciproquement le reflet de l’autre en un répugnant mécanisme d’osmose. La force magique d’une chaîne comme la nôtre peut être importante si les éléments, peu nombreux qui la composent peuvent être légitimé, en interne, à œuvrer dans le sacré. Cette force, en vérité peut être énorme mais il doit s’agir si on veut utiliser un terme familier d’énergie « propre ». Autrement on est en train de jouer. Voilà qu’encore une fois le discours revient inévitablement à l’activité intérieure de l’être humain et dans ce cas à celle de l’initié. La transformation de soi et du monde est à la portée de main, mais il faut agir et ne pas perdre son temps avec des paroles ou avec de subtils « se faire voir » qui appartiennent au Règne de l’Illusion.
2
HOKMAH
La vie est participation. Plus nous participons –individuellement et collectivement- au monde des autres plus nous répandons sur les soi disant plans subtils nos opportunités pour un réveil durable relatif à cette vie d’incarnés et à l’autre vie. Une des dernières choses écrites par le comique Marcello Marchesi avant de mourir fut : "l’important c’est que la mort nous trouve vivants". Pour beaucoup c’est une boutade intelligente, pour nous c’est une réalité car conscients comme nous devrions l’être du fait que notre survivance dans l’autre monde est étroitement liée avec la capacité multiplicative que nous avons de ce côté de la manifestation, de produire toujours plus de vie en nous et dans les autres.
Cela établi, il faut s’entendre sur les modes de participation initiatique. A travers la spoliation, nous cherchons de poursuivre l’objectif de reconnaissance de soi : une fois que nous nous sommes reconnus -et acceptés- nous découvrons que nos sommes petits mais en phase de développement. Comme des enfantsi.
Il est important, fondamental que l’enfant grandisse bien, autrement il devient comme la plupart des hommes un adulte immature. Participer aux choses du monde des enfants signifie s’ouvrir quotidiennement à l’émerveillement.
C’est un travail difficile qui te fait comprendre que cette spoliation que tu croyais avoir obtenue avec effort était en réalité une chimère. Tu as en fait encore un rôle dont tu dois te libérer : celui justement de l’enfant qui s’émerveille tous les jours. En définitive tu récites et tant que tu récites tu portes de toute façon un masque; tu es "personne", non participant de l’éternité.
Le monde dans lequel nous sommes est un chaos dans lequel nous devons chercher de mettre de l’ordre : ses contradictions, ses souffrances, ses âpretés ne compensent pas peut être pas un instant de joie; c’est un véritable enfer dit-on mais si ceci est vrai, alors cela signifie que chaque personne, par le seul fait d’être incarné, d’être "revenu" dans cet enfer, est un pécheur qui doit racheter de petites ou de grandes fautes. Il est vrai que dans la myriade de pécheurs se mélangent de temps en temps de grandes âmes qui s’incarnent dans le seul but d’ouvrir de nouveaux passages au réveil. Mais ce discours est en dehors des nécessités opératives de la plupart des hommes (presque la totalité), un mélange de bien et d’ignorance, de sommeil et de veille, d’espoir et de désespoir. Cet ensemble homogène et désorganisé, privé d’une poussée énergique et animé de mouvements instinctifs s’appelle l’humanité.
Nous, initiés nous en faisons partie : il faut en prendre acte. La plupart d’entre nous n’et pas pire, ni meilleur que la multitude des semblables avec laquelle il se confronte tous les jours, toutes les heures dans l’autobus, au bureau, sur les plages, à la queue des péages d’autoroutes. Assujettis à de telles pulsions, aux même petites manies et phobies, aux même antipathies et sympathies instinctives et malheur à nous si nous ne nous en rendons pas compte. Si nous pouvons, quelque part, nous différencier des autres c’est peut-être dans la prise de conscience croissante des aspérités qui encombrent la route que nous sommes en train de parcourir avec les autres ; peut-être nous nous sommes donnés un but que les autres ne se sont pas donné; peut-être nous avons appris quelque chose de la tolérance (même si souvent nous ne réussissons pas à la mettre en pratique); peut-être que parfois nous réussissons à comprendre que de ce monde les âmes sont seulement des invités en exil; peut-être avons-nous l’intuition que le monde dans lequel nous vivons est quelque chose de plus profond que son image en superficie qui déjà seule semble rendre certaines personnes accomplies.
Que cela nous plaise ou pas, le monde dans lequel nous vivons c’est le seul que nous ayons. Si nous voulons qu’il soit meilleur nous devons, chacun pour sa part, contribuer à le rendre meilleur. La contribution advient justement avec la participation, avec le renoncement volontaire de sentir de faire partie de l’aristocratie initiatique qui est réelle mais que nous n’avons pas forcément tous obtenue par le seul fait d’avoir subi l’imposition des mains. C’est bien mieux de faire partie d’une aristocratie et d’en douter plutôt que de se croire élu sans avoir réellement acquis cet état.
Si par un acte de simple humilité nous réussissons à nous laisser glisser dans cette réalité intérieure et à agir en conséquence, le monde ne sera pas avare de preuves illuminantes et indicatives. Il est nécessaire de choisir d’adhérer avec détachement aux choses les plus désagréables (comme par exemple les réunions du syndic d’immeuble dont tous parlent mal comme ceux qui interviennent n’étaient pas des hommes!) et observer ce qui se passe en nous. Je dois encore rencontrer une personne qui ne parle pas avec suffisance et ennui des réunions d’immeuble ou des activités de sommes politiques ou des syndicats, des commerçants, des médias. Est-il possible que tous ces éléments, si vitaux dans un cadre de participation active soient toujours à refuser en bloc? N’est-il pas plutôt exact que de formuler certains jugements nous ne faisons pas autre chose que d’approuver des opinions courantes sans en avoir ni la force ni le courage d’avoir ses propres opinions? Et s’il est vrai que, dans certains domaines nos opinions en faveur d’idées courantes, c’est-à-dire si nous sommes cristallisés n’est-ce pas le moment de tout revoir sous la lumière du courage? Parce qu’en fait, il s’agit bien de courage. C’est en fait une des grandes occasions qu’a l’être humain, soucieux de son propre renouveau, de se renverser lui-même. C’est particulièrement dans la juste approche de ces tâches quotidiennes ennuyeuses mais nécessaires que nous pouvons mesurer notre chemin individuel vers la grandeur d’âme. Il est certes plus facile de se lancer au milieu des flammes pour sauver deux enfants en danger que de se mesurer quotidiennement, sans en souffrir, avec les réalités mesquines et réductives. Elles sont bien sûr mesquines et étroites mais elles le sont pour qui les vit comme un poids et ne réussit pas à en retirer les vastes possibilités de libération filtrées par l’exercice de la patience, de la modestie et de la dépersonnalisation authentique.
1
KETHER
Les dieux sont morts, les oracles se taisent, les squelettes de ces titans qui tentèrent l’escalade vers le Ciel se sont pétrifiés sous des tonnes de roches, leurs épées flamboyantes sont désormais en morceaux et dévorées par la rouille. Le monde a perdu ses certitudes et transpercé par l’angoisse et l’indécision il s’interroge sur l’inquiétude des temps nouveaux qui surviennent, sur le Kali Yuga, cet Age Noir dont nous devons encore toucher le fond. La fin du monde est déjà commencée depuis un certain temps : le ciel, la mer, la terre sont empoisonnées et pour la première fois dans l’histoire de tous ceux qui vivent sur la planète il n’est pas donné la possibilité, s’ils voulaient de se retirer dans un lieu sûr pour se dédier en toute tranquillité à la méditation et à la contemplation. Par conséquent, les références au passé sont tombées car ce que faisaient les Anciens nous ne pouvons plus le faire.
L’Agneau a ouvert le septième sceau de l’Apocalypse, et du turibulum que l’Ange jeta sur la terre "vinrent les tonnerres, les éclairs, les voix et les tremblements de terre": tout ceci a non seulement une signification bien précise mais aussi une réelle confrontation par une observation même pas trop approfondie. Les fléaux annoncés par les sept trompettes sont déjà depuis un moment parmi nous. Si cette prise de conscience se développe, l’angoisse pour l’avenir qui tenaille les mortels disparaît tout à coup car il y a l’Etoile du Matin pour nous indiquer sur notre chemin de Nouveaux Cieux et une Terre Nouvelle.
Nous devons
nous préparer à ces évènements mais s’oublier.
Nous, en effet, nous devons préparer les routes pour la future humanité
; nous sommes les ancêtres, la vieille humanité, le passé,
tout ce qu’un jour, dans la conscience collective des temps futurs, se
stratifiera en tant que tradition. Aucun d’entre nous probablement ne
pourra jouir, en tant qu’incarnés, des splendeurs que la nouvelle
préfigure. Ceci à bien y penser est une occasion en plus pour
s’oublier soi-même et pour se dédier avec zèle, chacun
selon ses possibilités, au grand travail de construction d’un temple
dont nous ne verrons pas l’achèvement. Nous mourrons sur le Mont
Nébo, comme Mosé en vue d’une terre promise qui ne sera
pas la nôtre, mais vers laquelle nous aurons incité –seulement
par Amour- des créatures humaines qui n’existent pas encore dans
cette existence.
Quelle meilleure occasion pour s’oublier soi-même et travailler
avec accomplissement? Combien et quelles scories, travaillant avec sincérité
en ce sens, avons-nous réussies à libérer de notre karma
individuel? Quel meilleur témoignage de foi, d’ardeur, d’optimisme,
de grandeur pourrions-nous transmettre aux générations futures?
Le monde de la forme, dans lequel nos actions se déroulent est si rigoureusement mathématique que peu d’espace consens à une réelle créativité, si bien que, non par hasard, ils sont toujours en majorité, les penseurs qui renferment dans un aveugle déterminisme toute opérativité humaine. Les valeurs anciennes tombent sans que d’autres, apparemment, prennent leur place. Mais, se sentir à l’étroit dans notre prison quotidienne est l’occasion de rachat, l’unique par ailleurs : en supposant que la force métaphysique de "Super Homme" qui brise toute barrière, tout lien, ne me soit pas donnée, il ne me reste plus qu’à vivre. Oui, mais comment?
Si tout ce qui a été avancé est jusque là acceptable, même comme hypothèse de travail, le problème fondamental de vivre se simplifie outre mesure : il n’y a rien d’autre à faire, parait-il, que de vivre comme le font toutes les créatures humaines c’est-à-dire: "au jour le jour".
Essayons! Essayons cette aventure initiatique de vivre au jour le jour à travers des rythmes épurés des expériences réalisées jusqu’à aujourd’hui dans notre vie spirituelle. Vivre sans tension, répondre docilement et avec les yeux ouverts à toutes les incitations qui au plus profond de l’âme bouillonnent et qui maintenant ont la possibilité de s’écouler le long de ce canal, débarrassé des impuretés, que l’on aura su préparer –si on l’a réellement fait- après des années d’autoanalyse et tension mentale. Regarder remonter à la surface l’orgueil, transformé en conscience de soi, l’avarice devenue prudence, la gourmandise sublimée dans la joie de vivre, luxure chargée en amour qui "meut le soleil et les autres étoiles". S’il est vrai que chaque soi-disant péché capital n’est pas autre chose que l’exaspération d’une vertu à obtenir, il ne semble pas y avoir aujourd’hui d’autre route à parcourir. C’est ainsi que nous renaissons à nous-mêmes ; c’est ainsi que nous pouvons nous recréer et c’est ainsi que l’enfant paraît. Il y a une image de la grande tradition initiatique que chacun d’entre nous devrait toujours avoir à l’esprit : le magicien naît nu, puis au cours de sa vie il se munit d’un nombre d’instrument toujours plus important ; mais s’il veut mourir comme un magicien, c’est-à-dire en tant qu’homme qui a réellement mit dans l’être quelque chose de durable, il doit se dévêtir progressivement de tout et se restituer nu à la Terre mère.
La sagesse de nos maîtres passés –je vous le rappelle- a montré que le dénuement est le premier devoir de l’Associé; si cette tâche est exécutée comme il se doit, de grandes et fondamentales difficultés ont été vaincus et toute une vie consacrée à cet objectif, une fois rejoint, devient un point de départ vers de nouvelles aventures. Alors, la rigueur de la forme tombe et les portes du Ciel se referment et l’initié, désormais Adepte, devient un pontife, c’est-à-dire le constructeur d’un pont entre le monde des hommes et le monde des Dieux.